MENU

Dossiers Thématiques



Transition des pratiques agricoles : bio, agroforesterie, sols vivants…

Le 7 avril 2022 se déroulait notre deuxième conférence inspirante sur la thématique « Transition des pratiques agricoles : bio, agroforesterie sols vivants… ». Deux agriculteurs essonniens ont témoigné de leurs transitions agricoles : Benoît Petruzzella, apiculteur dans la vallée de Chevreuse, et Vincent Leprince, producteur de céréales, colza et fourrage bio.

Dans cette synthèse, retrouvez leurs parcours, comment ils ont transité vers l’agroécologie ainsi que leurs recommandations pour s’installer.

Cette série de conférences inspirantes a pour but de faire dialoguer les agriculteurs de l’Essonne et les citoyens, et est organisée en partenariat avec Blue Bees, le Programme Sésame de Cœur d’Essonne Agglomération, l’Ademe et Ecocert.


Il existe de nombreuses pratiques agroécologiques destinées à favoriser la transition agricole et alimentaire de nos territoires. Mais contrairement à l’agriculture biologique, l’agroécologie n’est définie par aucun cahier des charges, il n’est donc pas évident de définir quelle ferme est agroécologique et quelle ferme ne l’est pas. Chez Fermes d’Avenir, nous entendons par « agroécologique », tout modèle de ferme ou de système alimentaire territorial qui permet de nourrir la population avec des aliments sains et qualitatifs tout en garantissant une activité viable, vivable et résiliente pour les agriculteurs et en préservant le capital naturel dans les limites soutenables pour notre planète.

Mais quelles sont aujourd’hui les bonnes pratiques agroécologiques ? Comment les adapter à son exploitation ? À quel rythme ?

Les techniques que nous vous présentons ci-dessous sont complémentaires et leur application permet de tendre vers une exploitation beaucoup plus résiliente aussi bien écologiquement, qu’économiquement.

 

L’Agriculture Biologique (AB), une certification des pratiques respectueuses du Vivant

L’agriculture biologique est née d’une multitude d’initiatives d’agronomes, de médecins, d’agriculteurs et de consommateurs qui, dans les années 1920, ont généré de nouveaux courants de pensées reposant sur des principes éthiques et écologiques, et initié un mode alternatif de production agricole. Aujourd’hui, l’AB concerne 9,5% du territoire agricole français (soit 2,55M d’hectares) et emploi plus de 200 000 personnes[1].

L’agriculture biologique telle qu’elle est définie par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), est un mode de production qui allie les pratiques environnementales optimales, le respect de la biodiversité́, la préservation des ressources naturelles et l’assurance d’un niveau élevé́ de bien-être animal. Pour les agriculteurs, cela signifie respecter un cahier des charges rigoureux, privilégiant les procédés non polluants, excluant les OGM et les intrants chimiques de synthèse.

Encadré par une réglementation européenne depuis 1991, seuls les produits issus d’exploitations respectant ce cahier des charges peuvent porter le logo bio européen et la marque « AB ».

Facilitateur de transparence, ce label certifie les bonnes pratiques des producteurs et permet de capter une clientèle plus large. Certaines exploitations non biologiques remplissent sans le savoir la plupart des conditions du cahier des charges et nécessitent peu de changement pour s’y conformer entièrement. Ce fut le cas de Benoit Petruzzella, apiculteur professionnel depuis 2013, qui a obtenu sa certification bio en mars 2022 sans changer la grande majorité de ses pratiques.

Travailler en agriculture biologique nécessite plus de patience, de temps et des compromis. Il faut savoir prioriser ses investissements et choisir ses canaux de commercialisation pour dégager une marge plus importante et contrebalancer la baisse de rendements.

Dans ce cadre, Vincent Leprince a choisi de diversifier son exploitation pour remédier aux difficultés climatiques et financières. Il cultive aujourd’hui, en bio, des céréales, du colza, des lentilles, du sel et est propriétaire d’écuries. Cette diversité lui permet de s’assurer un revenu moins dépendant des aléas extérieurs.

Par le biais de son expérience, Benoît recommande d’expérimenter à petite échelle les techniques culturales de l’apiculture afin de tester sa capacité à conduire l’exploitation et gérer les frais avant de s’installer et d’investir dans ce domaine.

 

Agriculture de conservation des sols (ACS), un premier pas vers l’agroécologie

Historiquement destinée à résoudre les problèmes d’érosion, l’agriculture de conservation est un ensemble de techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols, tout en conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique.

L’agriculture de conservation a été officiellement définie par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2001, comme reposant sur trois grands principes :

  1. Couverture maximale des sols, par les résidus des cultures précédentes (appelés mulch) ou par des plantes de couverture implantées en intercultures ou en couverts vivants permanents
  2. Absence de travail du sol (seule la perturbation de la ligne de semis est tolérée)
  3. Diversification des espèces cultivées (rotations longues avec alternance de différentes familles de plantes -légumineuses, céréales, crucifères- et recours aux cultures intermédiaires et aux associations de cultures).

En théorie, ces trois principes doivent être appliqués simultanément, car, en l’absence de travail du sol, la couverture du sol et la diversification des rotations permettent de maîtriser les adventices et de diminuer la pression des ravageurs.

Cet ensemble de techniques vise une meilleure rentabilité économique à long terme en réduisant le besoin en intrants (engrais, produits phytosanitaires et carburants) sans pour autant les interdire car ces 3 techniques permettent d’améliorer la vie du sol et de le nourrir en éléments nutritifs. En effet, l’agriculture de conservation ne fait pas l’objet d’une certification particulière et ne possède alors pas de cahier des charges imposé, contrairement à l’AB.

En outre, l’AC peut être controversée en tant que pratique « agroécologique » car les intrants de synthèse ne sont pas prohibés et il n’existe pas de label ou de cahier des charges. Mais elle peut constituer un premier pas pour un agriculteur conventionnel en conversion qui souhaite améliorer ses pratiques avant d’être labélisé AB.

L’agriculture de conservation nécessite une connaissance approfondie de la qualité de son sol et une analyse de ce dernier afin de savoir quelles pratiques mettre en place afin d’éviter toute carence. Vincent, par exemple travaille la terre en semis direct sous couvert [2]. Cette pratique est technique et demande des connaissances approfondies sur divers sujets : les types de sol, la météo, le travail du sol. Néanmoins, il constate que les sols se portent mieux, qu’il y a moins d’érosion et ce grâce aux micro-organismes présents dans le sol lorsqu’il est préservé.

 

L’agroforesterie, une pratique ancienne retrouvée

L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ.

L’apport de l’arbre en milieu agricole est multiple, il permet notamment de :

  • Améliorer la production des parcelles en optimisant les ressources du milieu dans lequel il se trouve, l’arbre remonte l’eau et les minéraux des couches profondes du sol pour les mettre à disposition des cultures de surface. Il crée également un microclimat favorable aux animaux et aux cultures luttant ainsi contre le réchauffement climatique
  • Diversifier la production des parcelles et des sources de revenus (fruits, bois, énergie, paillage…)
  • Restaurer la fertilité du sol via les feuilles qui tombent au sol et la décomposition des racines
  • Garantir la qualité et quantité de l’eau par sa capacité à dépolluer les nappes phréatiques
  • Améliorer les niveaux de biodiversité, en fournissant un habitat et une nourriture de qualité pour la faune et la flore
  • Stocker du carbone pour lutter contre le changement climatique
  • Participer à l’esthétisme des paysages

Les agriculteurs doivent être sensibilisés à ces enjeux car l’arbre est un allier indéniable. Bon nombre d’exploitants mènent des projets d’agroforesterie pour plusieurs raisons ; planter des haies brise-vent, créer un verger nourricier, produire du bois de chauffage, créer une forêt jardin… L’efficacité de l’agroforesterie repose sur une grande diversité d’essences, de techniques, de types d’aménagements ou de tailles des arbres pour concilier production de biomasse et protection de l’environnement.

Sur sa ferme, Benoît observe le retour de la biodiversité avec des fleurs et des champignons qui avaient disparu et fournissent naturellement l’alimentation dont ses abeilles ont besoin.

Au final, l’agroécologie peut s’appliquer à tout type de production, par l’utilisation de différentes pratiques, le but étant d’atteindre des résultats face aux défis de la transition agricole : capter du carbone, améliorer la biodiversité, préserver les ressources, etc. Pour découvrir la vision de l’agroécologie portée par Fermes d’Avenir, et les 12 défis que nous avons identifiés, rendez-vous sur la page de la Fleur de l’Agroécologie. https://fermesdavenir.org/fleur-de-lagroecologie

 

[1] Source : http://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/

[2] Le semis direct sous couvert ou semis direct sous couvert végétal (SCV), est l’une des formes d’agriculture sans labour, qui se pratique en plein champ en semant au travers d’une couche de culture intermédiaire, sans aucune intervention mécanique de travail du sol (ni labour, ni hersage) entre la récolte de la culture précédente et le semis de la suivante