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Santé au Travail : les agriculteurs aussi concernés

conférences inspirantes santé au travail nicolas revol et eric chatelet fermes d'avenirLe 25 juin 2022 se déroulait notre cinquième conférence inspirante sur la thématique « Santé au Travail : les agriculteurs aussi concernés ! « . Elle faisait témoigner deux agriculteurs, Nicolas Revol de la “Ferme de Gisy” et Éric Châtelet de la “Ferme de l’Envol”.

 

Cette série de conférences inspirantes a pour but de faire dialoguer les agriculteurs de l’Essonne et les citoyens, et est organisée en partenariat avec Blue Bees, le Programme Sésame de Cœur d’Essonne Agglomération, l’Ademe et Ecocert.

 

L’enjeu de la santé au travail est majeur pour tous les salariés, toutes industries confondues. Mais le métier d’agriculteur semble être parfois oublié dans les débats autour de cette thématique. Pourtant, il fait l’objet de risques physiques graves (accidents, contraintes physiques, expositions aux produits phytosanitaires, etc.) et psychosociaux (pression de la trésorerie, surcharge de travail, isolement, manque de reconnaissance, etc.) qu’il ne faut pas négliger ! À travers leurs témoignages, Nicolas et Eric nous partagent quelques astuces du quotidien pour faire face à l’enjeu de la santé au travail.

 

À quoi ai-je droit pendant mes congés maladie ?

Lorsque vous êtes agriculteur, vous êtes directement affilié à la Mutualité Sociale Agricole (MSA) pour votre couverture sociale (prestations en matière de santé, accident du travail et maladie professionnelle, etc.) La MSA vous permet par exemple de toucher des Indemnités Journalières (IJ) lorsque vous êtes en congés maladie. Cependant il existe une grande différence selon que vous soyez un chef d’exploitation seul ou que vous soyez un salarié agricole. 

Lorsque vous êtes salarié agricole, vous touchez des indemnités journalières à hauteur de 50% de votre salaire journalier de base, soit un revenu situé entre 9,66€/j minimum et 46€/j maximum. A contrario, si vous êtes exploitant agricole la MSA verse des indemnités journalières qui correspondent au montant fixe de 22,95 €/jour du 4ème au 28ème jour d’arrêt de travail puis 30,61 €/jour à compter du 29ème jour d’arrêt.

Cependant, comme le souligne Nicolas Revol, ces indemnités journalières restent très limitées puisqu’elles ne sont absolument pas suffisantes pour se rémunérer soi et quelqu’un d’autre pour se faire remplacer. C’est pourquoi il conseille de prendre une assurance complémentaire afin de faire face à ses charges personnelles et professionnelles en cas d’accident. Selon les formules, ce type d’assurance pourra prévoir par exemple des versements d’indemnités journalières en complément de celles de la MSA en cas d’arrêt de travail. 

 

Est-ce facile de se faire remplacer en cas de problème ? 

Il existe des services de remplacement locaux employant des agents capables d’assurer des missions de remplacement sur des exploitations agricoles. Les services de remplacement sont des associations dirigées par des agriculteurs. Cependant, ce type de service n’existe pas dans tous les départements.

Il faut garder en tête que cela reste difficile de se faire remplacer quand on est indépendant puisqu’il faut tout de même manager et former la personne qui prend le relais. C’est pourquoi il faut s’assurer de pouvoir également compter sur une personne tierce de confiance et faire appel à sa solidarité : sa famille, ses collègues, ou d’autres personnes qui sont parties prenantes sur l’activité de l’exploitation.

Éric conseille par ailleurs de se libérer de cette charge mentale grâce à l’organisation qu’il existe sur les fermes collectives notamment sur celle de la “Ferme de l’Envol” (modèle économique SCIC et SCOP), qui permet d’une part d’obtenir le statut plus avantageux de salarié et d’autre part d’assurer les remplacements en répartissant la charge de travail héritée entre les différents associés. 

 

Plutôt prévenir que guérir : comment améliorer et entretenir sa santé au quotidien ?

Selon l’étude de la Fondation MMA, beaucoup de chefs d’exploitations négligent leurs douleurs physiques et leur stress. D’après Nicolas, les agriculteurs auraient tendance à s’oublier un peu, préoccupés par les objectifs de l’exploitation. 

C’est pourquoi il est important de se former aux bons gestes et aux bons réflexes. L’équipe Santé-sécurité au travail de la MSA vous offre la possibilité de suivre des formations gratuites adaptées aux risques les plus fréquents : l’évaluation des risques, l’utilisation des produits chimiques, les maladies transmises par les animaux, le sauvetage-secourisme du travail, les gestes et postures de travail, la manipulation et la contention des animaux, etc.

Il est aussi intéressant de s’organiser afin de perfectionner l’ergonomie du travail en répartissant les tâches au sein du personnel de l’exploitation selon leurs pénibilités et répétitions et bien-sûr vos capacités du moment. 

Éric rappelle que le métier de maraîcher est un métier physique, que son corps est son principal outil de travail. C’est pourquoi il conseille d’une part d’aller – comme lui – chez l’ostéopathe toutes les 6 semaines ! Ou encore comme Nicolas, de pratiquer du sport régulièrement pour se vider la tête puisque le métier d’agriculteur est celui qui cumule le plus de stress (Source : MMA). 

L’équipement joue aussi un rôle dans la facilitation du quotidien « Quand on plante ses poireaux à la grelinette plutôt qu’à la planteuse, ce n’est pas pareil ! » Cependant il faut trouver le bon équilibre entre s’équiper convenablement pour ne pas s’épuiser physiquement, et trop investir dans l’équipement au risque de travailler plus pour rembourser son emprunt. L’atelier paysan par exemple, réfléchit au petit outillage et invente et détourne des outils afin qu’ils correspondent parfaitement aux tâches agricoles réalisées par l’agriculteur. 

Pour financer l’investissement des équipements, il existe des aides, comme celles de FranceAgriMer, auxquelles l’agriculteur peut être éligible en fonction des régions. Sinon, vous pouvez également faire appel à la solidarité citoyenne à travers une campagne de financement participatif Blue Bees. 

L’entourage peut également constituer un grand soutien physique et moral. À savoir que depuis 2016, on décompte le chiffre vertigineux d’un agriculteur par semaine qui se suicide d’après la Mutualité Sociale Agricole. Nicolas nous rappelle « qu’il est important de ne pas rester seul face à ses interrogations et ses inquiétudes. » Le stress de la charge mentale doit pouvoir être partagé à sa famille, ou ses collègues. Le cas échéant, il existe un numéro vert en ligne pour se faire accompagner. Éric ajoute qu’il est important de faire une pause et de prendre des vacances « Quand j’étais seul je prenais 1 voire 2 semaines de vacances par an, aujourd’hui grâce au collectif je peux me permettre 5 semaines ! » 

 

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