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Je change de vie : Reconversion professionnelle en agriculture

Le 9 mars 2022 se déroulait notre première conférence inspirante sur la thématique « Je change de vie : S’installer en agriculture après une reconversion professionnelle ». Elle faisait témoigner deux agriculteurs essonniens ayant complètement changé d’orientation pour s’installer en tant que paysans : Pierre Nicolas Grisel, éleveur de volailles sur la “Ferme de l’Orée de Milly”, et Aline Aurias productrice de plantes aromatiques et médicinales sur la ferme “L’enracinée”.

Vous vous interrogez sur une reconversion professionnelle en agriculture ? Vous trouverez dans cette synthèse de nombreuses réponses à vos questions : les recommandations pour construire son projet, les aspects financiers, juridiques et fonciers pour démarrer, mais aussi l’équilibre et le rythme familial en devenant paysan.

Cette série de conférences inspirantes a pour but de faire dialoguer les agriculteurs de l’Essonne et les citoyens, et est organisée en partenariat avec Blue Bees, le Programme Sésame de Cœur d’Essonne Agglomération, l’Ademe et Ecocert.

 

Se former à la théorie et la pratique

La première recommandation de Pierre-Nicolas et d’Aline (et certainement la plus importante) est de bien se former, à la théorie et à la pratique !

Il est en effet important de se former professionnellement et de passer des certifications reconnues par l’État, type BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole). Ce diplôme n’est pas obligatoire pour s’installer ou acheter des terres mais il permet d’accéder à des subventions allant jusqu’à 60% sur le montant de certains achats au cours des quatre premières années d’exploitation. 

Il faut également impérativement aller sur le terrain et à la rencontre d’autres agriculteurs, afin de vérifier que ce métier est fait pour vous et d’y voir plus clair dans votre projet. L’expérience pratique lors de stages, woofing par exemple, permettra de vous tester et de poser toutes les questions que vous avez en tête : devenir paysan, surtout lorsque l’on est néorural, peut parfois être idéalisé et c’est donc important de se frotter à la réalité (et à toutes les saisons…) le plus tôt possible. 

 

Trouver un foncier

Dénicher un foncier est une étape délicate, surtout dans certaines régions. En fonction de votre production (maraîchage, élevage, grandes cultures, etc…) et de votre zone d’implantation privilégiée, il vous faudra définir la surface idéale dont vous aurez besoin.  Il existe plusieurs points d’entrées : la SAFER (Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural), les sites de petites annonces immobilières ou agricoles, et les associations telles que Terres de Lien ou La Bonne Pioche de Fermes d’Avenir.

Par exemple, Aline loue un terrain de 3 hectares à un particulier qui l’a mis à disposition en terres agricoles comme “espace test” (elle utilise 1,5 hectares pour son activité). Pierre-Nicolas est propriétaire de sa ferme : il avait fait beaucoup de recherches via les annonces immobilières et a finalement acheté 5,5 hectares de terres grâce à la Safer d’Île-de-France.

 

Financer son projet

Une fois votre projet mûri, il vous faut trouver des investissements. Plusieurs pistes s’offrent à vous :

  • Votre propre épargne ou de la “Love money” (en impliquant sa famille et ses amis financièrement pour des dons, prêts ou investissements)
  • Prêt classique à la banque, 
  • Subventions diverses et variées, 
  • Crowdfunding, comme des campagnes participatives de dons et de prêts sur BlueBees.

 

Vous trouverez d’autres pistes de financement dans notre livre blanc “Financer mon projet de ferme agroécologique”.

Pour son installation, Aline a dépensé entre 15 000 € et 30 000 €, avec son épargne personnelle et le soutien de sa famille. Pierre-Nicolas a investi 300 000 € pour la reprise de la ferme existante et a ajouté 150 000 € pour mettre en place son élevage. Cela a été possible grâce à plusieurs subventions (Jeune Agriculteur, Aide à la modernisation des bâtiments, les fonds de la Région, de l’Etat et de l’Europe), son épargne personnelle, ainsi que des prêts bancaires et familiaux.

 

Commercialiser sa production

La commercialisation est un point clef de viabilité et de pérennisation de son activité. Aline et Pierre-Nicolas ont plusieurs canaux de commercialisation complémentaires : les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), les Biocoop, les marchés de producteurs, les sites de réservation en ligne, les réseaux sociaux et bien entendu le bouche à oreille. Leur image doit être renouvelée régulièrement auprès des potentiels clients, et donc il est important de communiquer auprès d’eux régulièrement. Pour découvrir pourquoi et comment communiquer sur votre ferme, téléchargez notre livre blanc .

Aline a commencé sa commercialisation en décembre 2019 en faisant son premier marché. Elle a une clientèle très fidèle autour de chez elle. L’agricultrice en PPAM participe à une dizaine de marchés par an (Noël, saisonnier, producteurs, à thème). Elle travaille avec des AMAP et des magasins spécialisés : bio, vrac et épiceries. Elle ne fait pas de ventes en ligne car elle ne veut pas gérer la logistique liée aux envois postaux. En termes de quantité, elle vend un tiers de sa production en AMAP et les deux-tiers restants sur les marchés et les magasins.

Pierre-Nicolas, vend 60 % de ses volailles en magasins bio proche de Paris, 20 % en AMAP et les 20 % restants en vente à la ferme et dans les restaurants. Il compte entre 25 et 30 clients très réguliers. Sa commercialisation et son volume ont augmenté progressivement au fil des ans : il vendait à l’origine seulement 50 poulets par semaine, et aujourd’hui 350 !  En nouant des partenariats solides, il a su développer son activité sur différents circuits de distribution, ce qui est un gage de résilience.

 

Évaluer ses futurs revenus

L’une des questions récurrentes pour les néoruraux qui s’interrogent sur une potentielle reconversion est le salaire qu’ils pourront tirer de cette nouvelle activité. Pierre-Nicolas et Aline gagnent chacun environ 1000 € net par mois, à nuancer par rapport à leurs contextes respectifs : Aline travaille en effet à temps partiel sur son exploitation : elle subit une forte saisonnalité avec des revenus variables et continue son emploi de journaliste en parallèle. Pierre-Nicolas quant à lui investi beaucoup de revenus de sa ferme pour la moderniser tant qu’il le peut. Tous deux ont mis au moins deux ans avant de toucher leurs premiers revenus.

Pour démarrer en douceur et minimiser les risques, vous pouvez aussi réfléchir aux pistes suivantes : Avez-vous le droit à une rupture conventionnelle ? Allez-vous toucher des aides pour un projet de reconversion ? Avez-vous un conjoint avec un emploi et un revenu régulier ? Est-ce que ce conjoint voit ce projet comme un projet de couple même s’ il ne travaille pas sur la ferme ? Pierre-Nicolas a par exemple demandé une rupture conventionnelle et sa femme a pu prendre le relai financier pour compléter leurs revenus dans les premiers temps. Il a toujours souhaité devenir agriculteur et son objectif à long terme est de léguer sa ferme à ses enfants.

Aline avait déjà son projet PPAM en tête quand elle a rencontré son conjoint, qui l’a toujours soutenue et rassurée sur l’aspect financier de sa future activité. Il souhaitait lui assurer une stabilité financière pour lancer sereinement son exploitation lorsqu’elle a débuté. 

Outre l’aspect financier comme soutien, la famille et les amis sont une source de soutien moral très important !

 

Balancer l’équilibre familial et le rythme de travail

Le rythme de travail et sa conciliation avec l’équilibre de vie personnelle et familiale est une autre source importante de questionnement pour les candidats à l’installation. Le type de production peut avoir un impact différent sur votre amplitude et rythme de travail : par exemple, un maraîcher ou un éleveur ont des contraintes différentes en termes de saisonnalité, d’horaires, ou d’astreinte. 

Pierre-Nicolas, éleveur de volaille, travaille en moyenne cinq jours sur sept avec dix à douze heures de travail journalier, et s’octroie trois semaines de vacances par an. Il souhaite pouvoir profiter de ses deux enfants et de sa femme le week-end et, sauf cas de force majeure, il ne travaille jamais le dimanche. Lorsqu’il doit s’absenter il demande à des proches de nourrir ses bêtes (mais avec une conséquence sur sa commercialisation pendant quelques jours, car il ne peut alors plus effectuer ses livraisons). 

Aline, productrice de plantes aromatiques, subit une saisonnalité très forte. Son pic d’activités se situe de juin à septembre avec le désherbage et la récolte, ayant pour conséquence des horaires qui débordent le soir et le week-end. A contrario en hiver elle travaille maximum 15h par semaine. Aline peut prendre jusqu’à 6 semaines de vacances par an et ne travaille pas le week-end sauf exception. Son objectif à moyen-court terme est d’embaucher une personne sur son exploitation pour l’aider et pouvoir prendre le relais lorsqu’elle est absente.

 

Fermes d’Avenir vous aide

Enfin, leur dernière recommandation est de savoir s’entourer des personnes compétentes qui vous accompagneront pour monter votre projet d’installation. Des associations telles que Fermes d’Avenir vous aident dans vos démarches et vous proposer différents accompagnements, financements, voire pistes pour du foncier. Voici quelques liens vers nos programmes spécialement imaginés pour vous :

  • Notre livre blanc, téléchargeable gratuitement : “10 conseils pour les néoruraux”
  • Notre Podcast « Les clefs de l’agroécologie » pour comprendre les problématiques rencontrées par des agriculteurs et comment ils les ont surmontées (Pierre Nicolas a d’ailleurs été interviewé pour un épisode).
  • Nos Vidéos Clefs de l’Agroécologie, pour découvrir les fermes aux modèles agroécologiques inspirants.
  • Le Ticket Coaching pour répondre gratuitement à vos questions sur votre projet de ferme agroécologique
  • Nos 3 formations (Microferme, PPAM, Compagnonnage) pour vous former à la théorie et la pratique
  • Notre plateforme de petites annonces La Bonne Pioche, pour trouver un terrain ou des associés
  • La plateforme BlueBees, pour du don ou du prêt participatif

 

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter la page dédiée aux porteurs de projets sur notre site internet.