Préparer une planche
La préparation d’une planche sur une micro ferme est une étape essentielle du travail de l’agriculteur. Dans cette opération se trouve la quintessence de la permaculture appliquée à l’agriculture : prendre soin du sol et de sa vie.
La fiche ci-dessous présente les étapes de préparation d’une planche de culture et explique les objectifs de ces différentes étapes.
Délimiter les contours de la planche
Cela peut paraître évident, mais cette étape doit être réalisée avec soin. Il s’agit de définir la zone qui sera cultivée et qui ne sera donc jamais piétinée. Entre deux planches, on prévoit les chemins, ou passe-pied.
En effet, en permaculture, on ne laboure pas (sauf cas extrême) et on réduit fortement le travail du sol. En conséquence, on ne s’autorise pas le moindre pas sur une planche de culture, car on sait combien cela peut compacter la terre et réduire ainsi la porosité du sol (et donc la circulation de l’air et de l’eau) si nécessaire à la micro faune et micro flore.
Nous avons choisi de faire des planches de 80cm de large sur 25m de long, et des passe-pieds de 40 cm de largeur.
Chacun doit définir les dimensions qui lui sont adaptées. Pour nous, l’important était de pouvoir mettre un pied en largeur dans le passe-pied, et comme nous avons de grands pieds … 40cm nous paraissait bien.
Pour la largeur des planches, nous avons choisi 80 cm pour pouvoir enjamber sans problème la planche…mais certains préfèrent des planches de 1m de large, car elles permettent d’atteindre avec son bras le milieu sans problème, et il y a donc moins de perte de place sur la ferme (en augmentant la largeur des planches, à taille de passe-pieds égale, on augmente la part de surface cultivée sur la ferme).
Pour la longueur des planches, nous avons décidé de les faire toutes de la même longueur, pour que les outils ou accessoires soient identiques quelle que soit la planche (goutte-à-gouttes, filets de protection, cordeaux, etc…).
Petit calcul intéressant : nos jardins comptent chacun 10 planches, de 80cm x 25 m de long…un jardin représente donc 10 x 20m² = 200m² cultivés, pour 300m² d’emprise au sol.
Désherber
Plusieurs techniques sont possibles (voir le dossier sur le désherbage).
Si vous avez le temps entre la préparation de votre planche et la mise en culture, l’idéal est de réussir à faire un ou deux faux-semis (i.e faire comme si vous alliez planter ou semer, et donc arroser la planche, afin que les adventices lèvent. Au bout de 7 ou 8 jours, un premier désherbage, thermique ou manuel, sans retourner la terre….)
Aérer le sol
Le principal allié du maraîcher dans ses cultures, c’est la vie du sol….et pour qu’elle puisse se développer, il faut décompacter sa terre, le plus possible. Pour ce faire, nous vous recommandons d’utiliser une grelinette, outil emblématique s’il en est des fermes permacoles …
Veillez surtout à ne pas retourner la terre : la faune superficielle du sol vit en milieu aérobie, et doit donc rester dans les premiers centimètres du sol…alors que la faune plus souterraine vit en milieu anaérobie, donc en absence d’oxygène. Si vous retournez le sol, vous allez mettre les bêbêtes qui aiment l’oxygène en dessous, et celles qui ne l’aiment pas au-dessus….et donc tout le monde sera malheureux !!
La ferme du Bec-Hellouin travaille à la création d’outils adaptés à ces exigences de travail du sol, et également offrant une meilleure ergonomie et une bonne efficacité du travail du sol.
Voici leur grelinette rotative : en video.
Voici également la campagnole, une version améliorée de la grelinette rotative. Dans ce même document sont présentés de nombreux outils conçus à la ferme du Bec-Hellouin et que vous pouvez leur commander ou fabriquer chez vous.
Nourrir le sol
A ce stade, il est important de comprendre que nourrir le sol est essentiel parce que l’agriculteur souhaite cultiver des plantes qui ne poussent pas spontanément sur la planche. Il s’agit de légumes, céréales, légumineuses, et chaque espèce profitera d’une vie intense du sol.
Pour résumer l’objectif de cette étape : nourrir le sol reste une priorité, et non nourrir la plante. A la ferme, nos apports sont divers : tontes de gazon apportées par les équipes de la municipalité
Niveler
C’est là que le mot « artisan » prend tout son sens : l’agriculteur – réel artisan – façonne, modèle, arrondit les angles, nivelle sa planche. Il adapte sa forme à la culture qu’il souhaite ensuite y implanter. C’est un travail long, quasi contemplatif. Il faut aussi savoir « clôturer » cette étape qui peut sinon ne jamais finir tant l’œil de l’artisan peut être perfectionniste.
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