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Bonnes Pratiques Techniques



Les serres mobiles

En juillet 2018, nous avons monté une serre mobile en bois ; Découvrez là ici ! 

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :

Des serres en permaculture ?

Les serres sont un élément important de la viabilité économique d’une ferme en maraîchage. L’automne et l’hiver, elles prolongent la saison de culture et permettent au consommateur de manger des légumes frais. L’été, elles permettent notamment de cultiver des tomates (plante d’origine tropicale peu adaptée à nos climats, mais fortement appréciée des gourmets !) sans avoir recours à de fréquents traitements à la bouillie bordelaise. Leur haute productivité biologique et économique en font quasiment un incontournable des micro-fermes.

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Serre sur rail de grande dimension

Malgré tous ces avantages, l’installation d’une serre doit être bien réfléchie si l’on souhaite minimiser l’empreinte écologique d’une ferme. En effet, son ossature et ses bâches sont issues de ressources non renouvelables et nécessitent une consommation d’énergie fossile pour être produites. Néanmoins, la serre n’est pas un simple poste de consommation d’énergie, c’est un démultiplicateur : l’investissement initial en ressource non renouvelable permet de mieux « capter » l’énergie solaire en allongeant la période de culture et en améliorant les rendements. Pour que ce « retour sur investissement énergétique » soit valable, il est essentiel d’optimiser l’utilisation de la serre. Ainsi, il convient de minimiser le nombre de serres, et de les utiliser le plus longtemps possible dans l’année (sans pour autant les chauffer ce qui est une absurdité écologique pour produire des tomates en hiver !). De même, il convient d’en optimiser le placement. Une serre à l’ombre d’un arbre (ou d’une autre serre !) est moins efficace et donc moins justifiée.

Serre sur rail de petite dimension
Serre sur rail de petite dimension

Les serres créent des microclimats artificiels permanents qui modifient fortement l’écosystème du sol. Sous une serre, le sol n’est plus exposé à la pluie ni au vent, et il ne connait plus les grands froids de l’hiver. Tout cela peut entraîner des dysfonctionnements de l’écosystème du sol qui se traduisent par des problèmes de ravageurs ou de maladies. C’est ce qui amène l’agriculture « classique » à fréquemment désinfecter les sols des serres par traitement à la vapeur !

L’agriculture biologique et la permaculture se fondent sur le soin apporté à la vie des sols et recherchent des solutions bien différentes : les serres mobiles permettent de maintenir le sol en bonne santé tout en optimisant l’efficacité énergétique de la serre et la production.

Serre "portable" à ossature légère
Serre « portable » à ossature légère

L’intérêt des serres mobiles

Nous vous présentons ci-après trois bonnes raisons de recourir à une serre mobile.

Une meilleure santé du sol, donc des plantes : optimisation sanitaire

Pour une exploitation sans « traitement phytosanitaire » (insecticides, fongicides et herbicides), la bonne santé des plantes est un enjeu majeur. Ne pouvant pas traiter, il nous faut optimiser la prévention. Soigner la vie du sol est la meilleure façon de garder les plantes en bonne santé. Un serre mobile permet d’exposer régulièrement le sol des cultures sous abris aux intempéries. Le vent, la pluie, le soleil, et le froid sont d’excellents « agents régulateurs » de la vie du sol.

serre "portable" autofabriquée
serre « portable » autofabriquée

De plus, cette mobilité permet de cultiver des engrais verts sur le sol de la serre sans perte de production. Il suffit de semer l’engrais vert lors du déplacement de la serre sur la parcelle qu’on vient de « mettre à découvert », tandis qu’une culture a lieu sous la serre dans son nouvel emplacement. Cela évite un dilemme classique : les cultures d’engrais verts sous une serre fixe empêchent d’y cultiver une culture commerciale pendant ce temps. Il faut alors choisir entre « prudence pour la santé des sols » et « efficacité économique et énergétique de la serre. » La serre mobile permet de concilier ces deux objectifs.

Davantage de cultures dans l’année : optimisation énergétique et économique

Les "tuilages des cultures" permet d'augmenter la production
Les « tuilages des cultures » permet d’augmenter la production

La mobilité de la serre permet de commencer la culture suivante sur l’emplacement voisin avant la fin de la culture précédente. Par exemple en septembre, on implantera les cultures d’automne-hiver en « plein champ » (non-abritée) sur l’emplacement voisin de la serre. Pendant ce temps, dans la serre, les tomates restent productives. On déplacera la serre pour la placer au dessus des cultures d’hiver avant les premières gelées afin de les protéger. Globalement, on gagne au moins un mois de production de tomates par rapport à un scénario « serre fixe » où il aurait fallu les arracher pour pouvoir planter les cultures d’hiver. On obtient ainsi un « tuilage des cultures » dans la planification : deux cultures qui se succéderaient dans une serre fixe  sont présentes en même temps grâce à la serre mobile.

Cette logique peut également s’appliquer au printemps. On lance les légumes primeurs (carottes, pommes de terre, oignons blancs, petits pois) en janvier sous serre puis on déplace la serre au moment de planter les tomates (avril). Les oignons et les petits pois finissent leur maturation en plein champs en avril mai. Les carottes et les pommes de terres sont protégées par un P17 pour ne pas craindre les gelées d’avril. De cette manière, la serre mobile permet de réaliser 3 cultures sous serre en une année, quand seulement 2 seraient possibles avec une serre fixe. Le rendement énergétique et économique de l’investissement « serre » est donc fortement amélioré.

Une serre mobile permet 3 cultures dans l'année contre 2 seulement pour une serre fixe.
Une serre mobile permet 3 cultures dans l’année contre 2 seulement pour une serre fixe.

Des tomates en rotation de 4 ans : optimisation économique

Les serres mobiles de la Bourdaisière sont installées sur la parcelle Est qui mesure 130 m de long. Les serres de 25 m ont donc chacune 4 emplacements différents possibles. Cela correspond à la rotation de 4 ans de solanacées, ce qui permet d’éviter les maladies, notamment la rare mais très grave Corky-root de la tomate (Pyrenochaeta dont il est très difficile de se débarrasser une fois qu’elle est installée. Nos serres mobiles contiendront donc chaque année des tomates, mais dans des emplacement différents. Du coup, pas de risque de maladie et utilisation optimale de chaque serre ! Avec des serres fixes, il faut quatre serres pour pouvoir produire une serre de tomates par an (les 3 autres étant dans la phase sans solanacée de la rotation). Les serres étant des investissements lourds et les tomates une des cultures les plus demandées, la rotation de 4 ans est rarement respectée par les maraîchers ayant des serres fixes. Malheureusement, des rotations plus courtes font courir des risques sanitaire important, un à deux ans sans tomate ne suffisent pas pour se prémunir du corky root.

Design V3 serres mobiles

Pour en savoir plus :

Eliot Coleman est un grand pionnier des serres mobiles. Il traite ce sujet dans la plupart de ses ouvrages.

Des légumes en hiver, disponible en français chez Actes Sud, présente différentes planifications pour des serres mobiles à 2, 3, 4 emplacements. Une planification à 5 emplacements est décrite dans Four-Season Harvest.

Des retours d’expérience très intéressants sur le forum de l’atelier paysan.

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Ce dossier a été réalisé par Horizon Permaculture