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Bonnes Pratiques Techniques



La création de buttes

Avant de s’intéresser à la réalisation de buttes, il faut répondre à la question : ai-je besoin d’installer des buttes ? Si oui, pour quelles raisons ?

Le choix du type de butte ne viendra qu’après avoir répondu à ces deux questions.

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Travail sur planches surélevées (Crédit : Héliador)
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Différents types de buttes sur la ferme (Crédit : Héliador)

Ai-je besoin d’installer des buttes ?

La démarche permaculturelle commence par l’observation de son terrain et par la détermination précise de son projet et de ses objectifs. Réaliser des buttes peut aller à l’encontre des conclusions tirées de ces deux étapes, et en ce sens, être « anti- permaculturel ».

A titre d’exemple, une personne possède un jardin et elle dispose de peu d’heures tous les mois pour s’en occuper. Elle adore les fruits et qui plus est, adore cueillir les fruits dans les arbres. Elle décidera donc d’installer un verger inspiré de la permaculture, et son projet ne nécessitera nullement la réalisation de buttes de culture. Et pourtant, même sans butte, ce sera bien de la permaculture du moment que son verger respecte la nature, l’humain (et notamment ses propres besoins et envies!) et s’inscrit dans un partage équitable !!

Autre exemple, une personne souhaite cultiver dans une zone très aride, où le vent est très asséchant et la terre très drainante. Réaliser une butte pourrait exposer les cultures à davantage d’évaporation et davantage de prise au vent, ce qui peut être néfaste pour les cultures. Il sera donc plus pertinent de cultiver en creux plutôt qu’en butte.

buttes vues de haut

Les planches permanentes de la Ferme de la Bourdaisière, juillet 2014 – certaines planches sont très peu surélevées ce qui ne permet donc pas de toutes les qualifier de buttes

Ainsi, la réalisation d’une butte doit être le résultat d’une réflexion et non le préalable à une démarche permaculturelle. Bien souvent, la butte sera un des moyens de répondre à un objectif, une solution parmi d’autres. Enfin, la butte pourra être une bonne solution si elle est bien conçue par rapport au contexte, et une mauvaise solution dans les autres cas.

Les bonnes raisons d’installer des buttes ?

Les buttes bien conçues présentent plusieurs avantages :

  • sol potentiellement plus épais

  • bonne rétention d’eau

  • structure aérée du sol

  • surface de culture plus étendue par rapport à une surface plane

  • racines des plantes annuelles « hors d’eau » dans un contexte de terre lourde, argileuse

  • réchauffement plus rapide au printemps (angle de la surface des versants des buttes par rapport aux rayons du soleil)

  • repos des genoux et du dos

  • délimitation précise des chemins et des zones de culture, ce qui évite de tasser la zone de culture en marchant dessus par mégarde.

Ainsi, les buttes nécessitent souvent un travail important pour leur mise en place, pour ensuite permettre une plus grande efficacité et n’exiger qu’un faible entretien.

Quel type de buttes installer chez moi ?

Il existe un nombre infini de buttes possibles. Les principes d’une butte à respecter en permaculture sont les suivants :

  • butte réalisée à partir de matériaux locaux (déchets organiques de cuisine ou des voisins ou du quartier, tontes, résidus de taille d’arbres, etc),

  • équilibrage des apports carbonés et azotés,

  • butte couverte : la surface d’une butte n’est jamais laissée à nu, sauf éventuellement au début du printemps pour laisser le sol se réchauffer. Les paillages seront fonction de ce qui est disponible localement (paille, carton, feuilles, bois raméal fragmenté, etc),

  • sol jamais retourné dans une butte ; il peut être aéré à l’aide d’une fourche ou d’une grelinette

La hauteur des buttes est très variable, à adapter en fonction des exigences ergonomiques du jardinier. De même, des supports peuvent être fixés sur les côtés ou non : planches de bois, grosses pierres, etc.

Sur la ferme de la Bourdaisière, différentes buttes ont été expérimentées :

  • buttes dites « hugelkultur » : les rondins de bois se décomposent lentement, créant un humus stable pour une fertilité durable.

    Une "hugelkultur"
    Une « hugelkultur »
  • planches surélevées de 15-20 cm : fumier bien composté à l’intérieur, recouvert de tonte de gazon et de la terre des allées, le tout recouvert de BRF (bois raméal fragmenté)

 paillage BRF saladesplanchesurélevé

 

 

 

 

  • buttes de 30 cm de hauteur constituées des mottes de chiendent arrachées dans les buttes

    buttes sans plantation

L’observation de la première saison montre que toutes ces buttes sont très productives, particulièrement les hugelkultur, ce qui a constitué un résultat étonnant : nous pensions que le rythme lent de décomposition des rondins de bois, ainsi que la mobilisation de l’azote du sol pour nourrir les bactéries nécessaires pour cette décomposition, allaient conduire à une faible productivité la première année puis à une croissance constante et une bonne productivité pendant plusieurs années. Or, la première année, les résultats sont déjà là. Probablement que l’ajout massif de tonte de gazon – donc d’azote – a permis d’accélérer le travail de décomposition du bois et a limité la faim en azote du sol.

Comment installer mes buttes ?

Avec de la sueur ! Et les outils de base : grelinette, bêche, croc.

Nous avons aussi utilisé le motoculteur pour réaliser le premier travail d’aération de la terre.

Remarque préalable : la prairie avait été en partie « supprimée » à l’aide d’un cover crop (deux passages à 3 semaines d’intervalle). Cet outil, passé à l’aide d’un tracteur, a des dents qui pénètrent dans les 15-20 premiers cm de la terre et qui aèrent (la terre n’est pas retournée). L’usage de cet outil nous a permis en peu de temps d’arracher les mottes de graminées pour pouvoir ensuite les ramasser et les intégrer aux buttes. Cette méthode – utilisant 80 litres de pétrole – est le résultat d’un compromis : nous n’avions pas le temps d’utiliser des méthodes « sans » pétrole pour mettre une première parcelle en culture. En 2014, la préparation du reste de la parcelle est réalisée par des moyens « sans » pétrole (paillage divers pour que la prairie soit étouffée et que le simple passage d’outils manuels suffisent à préparer les planches de culture).

A la ferme, nous avons également fait appel aux qualités immenses de Bernard Dangeard qui pratique la traction animale. Cela a été une grande aide pour la réalisation des buttes.

traction animaletraction animale 2

Comment entretenir mes buttes ?

L’objectif d’une butte est de nécessiter très peu d’entretien. Pour cela, il est important d’accorder le travail nécessaire pour leur mise en place.

Les planches de bois, s’il y en a, doivent être remplacés régulièrement, surtout si c’est du bois fragile.

Les buttes doivent être travaillées régulièrement (en maraîchage, cela peut être tous les ans), à l’automne :

  • façonnage de la butte,

  • ajout de matière organique,

  • paillage.

Si je n’ai pas de butte, puis-je quand même « pratiquer » la permaculture ?

Il est tout à fait possible d’appliquer les principes de permaculture sans réaliser de butte :

  • faire avec la nature et non contre elle : ne pas labourer, aérer sa terre, la nourrir avec de la matière organique, diversifier les cultures pour un écosystème plus équilibré,

  • un élément a plusieurs fonctions et une fonction est remplie par plusieurs éléments : ce principe implique une grande diversité au jardin, diversité rendue possible aussi bien sur butte que sans butte.

  • capter et stocker l’énergie : par exemple, en intégrant de la verticalité dans votre jardin pour avoir une surface optimum de captation des rayons du soleil par la végétation,

  • etc.

En conclusion, les buttes sont très utiles et pratiques, mais pas indispensables pour pratiquer la permaculture au jardin, et surtout, elles ne sont pas suffisantes pour pouvoir mettre une zone potagère en permaculture !!

Bibliographie

Richard Wallner, Manuel de culture sur butte, Rustica Editions, 2013.

Sepp Holzer, La permaculture de Sepp Holzer, Edition Imagine un Colibri, 2011.

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Cette fiche a été réalisée par Horizon Permaculture. Les schémas sont réalisés par Jean Werlen.