La plantation de fruitiers
Les arbres constituent un élément inhérent à un système agricole ou vivrier inspiré de la permaculture. Ce sont des plantes vivaces par excellence puisqu’un arbre vit de plusieurs dizaines d’années (le cas d’un pêcher entretenu par un humain) à plusieurs siècles (des chênes et des châtaigniers vivent plus de 1000 ans).
La permaculture – « culture de la permanence » – vise à favoriser les plantes vivaces puisqu’elles sont installées dans un écosystème et sont productives sur une longue période. Pour comparaison, la plupart de nos aliments, notamment toutes les céréales que nous mangeons ainsi que la plupart des légumes, sont issus de plantes annuelles, qu’il faut resemer chaque année, nécessitant un important travail humain et également une forte utilisation de ressources fossiles.
Egalement, les arbres ont un système racinaire beaucoup plus développé que les plantes annuelles et sont donc beaucoup plus indépendants de l’humain que nos fragiles légumes.
Enfin, les arbres fournissent des fruits qui représentent une source non négligeable de calories :
100 g de noisettes : 650 kcalories (env 25 noisettes)
100 g de châtaignes : 200 kcalories
100 g de noix : 650 kcalories (environ 12-14 noix)
Les arbres qui ont été plantés en février 2014 sur la ferme de la Bourdaisière sont représentés ci-dessous :
D’autres plantations ont eu lieu en novembre 2014 et de nouvelles sont prévues en novembre 2015. Un schéma actualisé montrera les nouvelles plantations.
Les arbres permettent donc d’incarner de nombreux principes de permaculture tels que :
– faire avec la nature et non contre elle : les arbres s’installent naturellement sur une terre laissée à la nature dans la plupart des biotopes présents en France. Le schéma ci-dessous donne un exemple de succession écologique aboutissant à une forêt. C’est ce qui se passerait en France dans la plupart des plaines et vallées. Seuls dans les milieux hydromorphes (marais), ou dans les milieux de haute altitude (au-dessus de 1800 m), le biotope ne conduit pas à l’installation d’une forêt.
Plutôt que de lutter contre l’installation naturelle des arbres, nous pouvons implanter ceux qui nous intéressent plus particulièrement (sur la ferme : des arbres apportant de la nourriture pour les humains, et également des arbres fixateurs d’azote tels que les eleagnus et les asiminiers – plantations en novembre 2015).
– le moindre effort pour le plus grand changement : de par leur système racinaire qui peut atteindre plusieurs mètres de profondeur, les arbres n’ont besoin d’arrosage complémentaire aux pluies que les premières années de leur vie (certains s’en passent complètement). Egalement, le choix de variétés permet de retenir des arbres qui résistent mieux aux maladies et ravageurs. On obtient donc une belle récolte en plantant des arbres sans exiger d’effort aussi important que la plupart des plantes annuelles.
– capter et stocker l’énergie : les arbres sont de formidables panneaux solaires qui captent avec une grande efficacité l’énergie du soleil : les feuilles occupent l’espace et captent un grand pourcentage des rayons lumineux pour lancer cette formidable machine qu’est la photosynthèse.
Nous allons voir dans cette fiche comment l’étape de plantation peut s’inscrire dans une démarche permaculturelle.
1- La plantation : le moindre effort pour le plus grand changement
Un des objectifs de la permaculture est d’établir un écosystème équilibré répondant aux besoins humains et fonctionnant avec la moindre maintenance possible.
La plantation d’un arbre s’inscrit totalement dans cette logique : nous apporterons un grand soin à cette étape afin que l’arbre puisse être par la suite dans les conditions les plus optimum pour qu’il se développe avec une intervention humaine minimum.
Mais avant de parler de la plantation d’un arbre à proprement parler, deux étapes préalables sont essentielles pour choisir le bon arbre :
L’observation de son site
Il est important de connaître son sol : sa structure, sa texture, sa perméabilité à l’eau, son pH.
Il est également essentiel de connaître les microclimats de sa parcelle : les zones humides, les poches de gel, les zones ombragées, etc
Le choix de l’arbre
En fonction de l’observation réalisée (ci-dessus), et de ses souhaits, il est possible de choisir l’espèce et la variété de l’arbre.
Il est nécessaire:
de choisir une espèce adaptée au climat de la région. A titre d’exemple, les abricotiers ne sont pas adaptés à des climats aux étés insuffisamment chauds. De même, les pommiers et poiriers apprécient les climats du nord de la France.
puis de trouver les variétés adaptées à son terrain, et notamment à la nature de son sol : sol acide, calcaire, sec, humide, etc. Si le choix se porte sur un arbre greffé (ce qui est le cas de la majorité de nos arbres fruitiers), le porte-greffe sera choisi en fonction de sa capacité d’adaptation au sol qui l’accueillera. A titre d’exemple, le porte-greffe Cognassier de Provence supporte mieux les sols calcaires que le Cognassier d’Angers.
Choisir le bon arbre est essentiel pour éviter d’avoir à s’en occuper trop par la suite : un arbre bien adapté au sol et au climat n’aura pas besoin de traitements (préventifs et curatifs) pour produire. Cela économisera du temps et de l’argent !
2- La plantation : faire avec la nature
L’étape de plantation d’un arbre est essentielle, car elle conditionne en grande partie sa santé future et, en conséquence, sa productivité et sa capacité de résistance aux maladies et ravageurs.
La plantation dépend du type de l’arbre ainsi que des conditions pédologiques.
Quelques règles de base s’imposent dans tous les cas, liés aux principes de permaculture :
période de plantation : période favorable à la reprise de l’arbre. Pour cela, l’observation du cycle de croissance de l’arbre à planter et la compréhension du fonctionnement de l’arbre (circulation de la sève, dormance en hiver, etc) sont essentiels.
La période idéale de plantation court de novembre à mars (éviter la période de forts gels)
créer les conditions idéales de reprise de l’arbre : quand nous plantons un arbre élevé en pépinière, celui-ci a été « chouchouté » pendant ses premières années, et il est important de prendre soin de lui au moment de la plantation pour qu’il puisse développer un réseau racinaire robuste et bien s’implanter au sol.
Ci-dessous, nous abordons la techniques de plantation employée à la Ferme de la Bourdaisière. Elle est adaptée à un climat tempéré, sur une terre sableuse, exposée plein sud et asséchée par le vent.
3 – La plantation : capter et stocker l’énergie
L’arbre est par excellent l’élément naturel qui capte le mieux l’énergie du soleil : à travers ses feuilles grâce à la photosynthèse, et grâce aux minéraux absorbés par ses racines, il synthétise du carbone qui constitue le bois.
Pour améliorer ce stockage d’énergie solaire et l’accélérer, il est possible à la plantation :
de protéger l’arbre du vent : le vent assèche l’arbre, et ainsi, l’eau pompée par les racines sert davantage à permettre la circulation de la sève et moins à la photosynthèse. Protéger du vent permet donc d’améliorer la croissance de l’arbre. Diverses protections sont possible : d’autres arbres, un muret, des petits fruitiers, etc.
de protéger l’arbre de l’évaporation de l’eau : en mulchant à ses pieds (en prenant bien soin de ne pas enterrer le collet : le point de greffe, pour éviter le développement de maladies fongiques). Ce mulching se fera avec les matériaux présents localement : cailloux (permet aussi de récolter l’humidité ambiante via la condensation, et de capter la chaleur du soleil le jour pour la restituer la nuit), tontes d’herbe séchée, etc
Cette fiche a été réalisée par Horizon Permaculture