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Girls Power : Place aux agricultrices

conférences inspirantes girl power : les femmes dans l'agriculture aline aurias et anais droit fermes d'avenirLe 25 juin 2022 se déroulait notre troisième conférence inspirante sur la thématique « Girls Power : place aux agricultrices « . Elle faisait témoigner deux agricultrices passionnées ayant fait le choix de se reconvertir dans l’agriculture : Aline Aurias, productrice de plantes aromatiques et médicinales sur la “Ferme L’enracinée” et Anaïs Droit, maraîchère sur la “Ferme de l’Envol”.

Par leurs témoignages, vous verrez comment ces deux femmes ont réussi à se reconvertir dans une activité agricole historiquement très masculine et à s’installer durablement.

Cette série de conférences inspirantes a pour but de faire dialoguer les agriculteurs de l’Essonne et les citoyens, et est organisée en partenariat avec Blue Bees, le Programme Sésame de Cœur d’Essonne Agglomération, l’Ademe et Ecocert.

 

Etat des lieux de l’agriculture en France : quelle place pour les femmes ?

Jusque dans les années 60, les femmes n’avaient pas de statut officiel et étaient considérées par le ministère de l’Agriculture comme « aide à leur mari ». C’est seulement avec la loi d’orientation agricole de 1999 et la création du statut de « conjoint collaborateur » que les agricultrices ont disposé d’un accès à une protection sociale, notamment aux cotisations retraite.

En 2022, seulement ¼ des exploitations sont portées par des femmes. Bien qu’elles ne représentent que 30 % des actifs permanents agricoles, 62 % des femmes travaillant dans l’agriculture sont cheffes d’exploitation, co-exploitantes ou associées. Une réelle tendance à l’entrepreneuriat dans ce secteur d’activité, avec une appétence pour l’élevage et la viticulture.

Cette volonté d’entreprendre, Aline Aurias et Anaïs Droit la partagent ! Toutes les deux cheffes de leurs exploitations ou associées, elles illustrent parfaitement la situation actuelle du secteur agricole.

Anaïs travaille au sein d’une SCOP dans laquelle elle est l’associée de deux maraîchers et deux agriculteurs en espace-test. Ce type d’installation en collectif est plus largement répandu chez les femmes qui n’hésitent pas à mutualiser les compétences, les savoirs et les démarches administratives.

Aline quant à elle, est la seule cheffe d’exploitation sur sa ferme à taille humaine dont elle souhaite démontrer la rentabilité. Initialement journaliste scientifique, elle cumule encore aujourd’hui ses deux activités et est accompagnée par la coopérative du Champ des Possibles qui porte l’administratif afin qu’elle puisse se concentrer sur la production.

Savoir s’entourer et se faire accompagner fut une nécessité pour les deux agricultrices lors de leur installation.

 

Les enjeux d’une reconversion et d’une installation

Comme pour toute installation, les deux agricultrices ont dû emprunter un parcours de formation théorique et pratique afin d’apprendre leur métier.

Aline et Anaïs recommandent de se former au métier en effectuant des stages dans des structures différentes (taille, équipe, pratiques…) afin de mieux définir son projet.

« S’installer peut prendre du temps, mais ce n’est pas grave »  nous signale Aline. 

Après avoir été couvée en immersion auprès du maraîcher Laurent Marbot, Anaïs a pu bénéficier d’une parcelle test [grâce à l’organisme « Le Champs des Possibles » ] afin d’être en totale autonomie. Elle a ainsi fonctionné 2 ans avant de se lancer avec son mentor sur la Ferme de l’Envol au sein d’un modèle coopératif dont elle est désormais la présidente.  Cinq ans ont été nécessaires entre la prise de décision, l’installation puis la vente des premiers légumes.

Une solution trouvée pour bon nombre d’exploitantes afin de pallier les freins potentiels liés à l’installation est de rejoindre un réseau et se faire accompagner. Pour Aline, il est utile de se placer dans une démarche d’apprentissage et de ne pas avoir peur de dire « Je ne sais pas » et de ne surtout pas rester isolée.

Encore fortement minoritaires dans les formations agricoles, les femmes s’intéressent davantage à l’agriculture biologique, le bien-être animal ou encore les circuits courts. Souvent très diplômées, elles sont fortement sensibilisées aux enjeux environnementaux et sont majoritairement motivées par la santé des consommateurs.

 

Déconstruire les schémas sociaux

Pour Anaïs et Aline, il est important de rappeler qu’il ne faut pas « genrer » ce qui est une question de caractère. Il n’est pas question d’une approche plus « féminine » de l’agriculture, mais bien de pratiques propres à chacun et chacune et de façons de travailler différentes.

Selon elles, le fait d’être une femme n’a jamais constitué de frein à leur installation. À part quelques remarques dans les magasins d’outillage, ou encore la fameuse question « Où est le patron ? » lorsque des hommes arrivent sur leurs exploitations, elles ont su prouver leur légitimité par leur travail acharné.

Les seuls freins sont ceux qu’elles se sont imposés seules, liés à des peurs et des schémas sociaux très vite déconstruits par la réalité du métier et le besoin d’autonomie.

« Il faut savoir s’imposer, avoir confiance en soi et prouver sa légitimité par son travail. » nous explique Anaïs.

Cependant, ce qui les différencie de leurs homologues masculins réside dans leur approche de la parentalité.

Conjuguer la maternité et la vie de cheffe d’exploitation nécessite quelques ajustements. Aline nous explique qu’elle a notamment dû aménager ses horaires et embaucher une personne supplémentaire pour l’aider lors de sa grossesse afin de se rendre disponible aux nombreux rendez-vous médicaux.

« Il faut être capable de souplesse et savoir s’organiser et ne pas hésiter à demander de l’aide, car la fatigue n’est plus la même ! » nous précise-t-elle.

L’évolution des droits des femmes a permis de supprimer bons nombres de freins pour les femmes qui souhaitaient s’installer, se reconvertir ou encore reprendre une exploitation.

Plus sensibilisées et davantage engagées dans des pratiques vertueuses, les femmes constituent un pilier de la transition écologique de notre territoire. Elles ont compris que leur force résidait dans le collectif, et se sont nourris des expériences de leurs confrères pour en faire un véritable Girl Power.

Plusieurs d’entre elles n’hésitent pas à témoigner, à donner des conseils aux prochaines en racontant leurs vécus, leurs obstacles et surtout, leurs réussites.

 

Pour découvrir le monde agricole vue par Maud Bénézit et les Paysannes en roman graphique « Il est où le Patron ? »

Pour constater la réalité de l’installation d’une néo-rural en Normandie, regardez le film « Jeune Bergère » de Delphine Détrie

Pour se renseigner et se faire accompagner sur l’installation lorsque l’on est agricultrice, regardez cet interview d’Élodie, fermière depuis 10 ans.

Pour en savoir plus sur la place des femmes dans l’agriculture, découvrez 10 parcours de femmes agricultrices avec le livre de Linda Bedouet « Neo-Paysannes »