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Vers l’autonomie alimentaire 2

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Vers l’autonomie alimentaire partie 1

Comment nourrir durablement tous les être humains ?

Dans le monde entier, près de 870 millions de personnes (sur 7 milliards d’être humains) souffrent tous les jours de la faim. Avec la population mondiale qui, selon les projections, dépassera neuf milliards de personnes d’ici à 2050, la production agricole mondiale doit augmenter de 60 pour cent environ pour satisfaire les besoins alimentaires mondiaux (FAO, http://www.fao.org/forestry/food-security/fr/).

Cet article ne traitera pas la question de la croissance démographique. Cependant, nous recommandons au lecteur intéressé la lecture de l’ouvrage scientifique très bien documenté de François Ramade, Un monde sans famine, vers un agriculture durable ?, Editions Dunod, 2014. Dans le premier chapitre, ce professeur d’écologie explique qu’une « stabilisation démographique des populations humaines s’impose dans les plus brefs délais à l’ensemble des pays en voie de développement » (p38) pour garantir la sécurité alimentaire à tous dans les décennies à venir.

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François Ramade est un chercheur, pionnier européen de l’écotoxicologie (science dont l’objet est l’étude des polluants toxiques dans les écosystèmes)

Ce livre rappelle également qu’un des facteurs les plus préoccupants  de la crise des ressources est constitué par la baisse tendancielle persistante depuis plusieurs décennies du stock de réserve alimentaire mondial. L’importance de ce stock, mesurée par le tonnage mondial total des réserves de céréales, a permis de déterminer un indice de sécurité alimentaire qui correspond au nombre de jours pendant lequel l’humanité pourrait continuer à se nourrir si on arrêtait à un instant donné toute production agricole. Cet indice dépassait les 120 jours par an début des années 1950, 100 jours par an dans les années 60. Il était inférieur à 53 jours en 2000 (d’après FAO in Brown, 1998). Construire des fermes nourricières au plus proche des consommateurs est donc bel et bien un enjeu actuel.

Un scénario de la France de demain permettant la sécurité alimentaire : nous mangerons tous de la nourriture produite localement

Terre de Liens Normandie a publié un scénario qui nous paraît très pertinent : la France pourrait nourrir ses 65 millions d’habitants en comptant 1 187 847 paysannes et paysans (en 2014, le Ministère de l’Agriculture recense environ 600 000 chefs d’exploitation et coexploitants) cultivant sur 82 % de la surface agricole utile actuelle (soit 22,9 millions d’hectares), dans l’hypothèse – essentielle – où tous les Français consommeraient localement.

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Paysan boulanger

 

Une autre hypothèse importante sous-jacente à ce scénario est le changement d’habitude alimentaire : les Français ne consommeraient plus que des produits de saison, et la consommation de viande serait calquée sur la consommation de lait actuelle. Plus d’informations sur ces hypothèses et les données de base ayant servi à cette étude dans les rapports en ligne sur le site de Terre de Liens Normandie (à télécharger : dossier de presse et méthodologie).

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Manger des aliments de saison

Si tous les habitants de Montlouis-sur-Loire, commune de 10 600 habitants sur laquelle est située la Ferme de la Bourdaisière, mangeaient localement, il faudrait 191 paysans. Voici le détail que donne le convertisseur de Terre de Liens :

Surfaces à cultiver
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TOTAL 3 691,16 ha
Céréales 229,12 ha
Lait et viande bovine 2 342,44 ha
Légumes 22,99 ha
Légumes secs 27,37 ha
Fruits 13,37 ha
Pommes de terre 11,49 ha
Porcs 463,37 ha
Poulets de chair 215,12 ha
Poules pondeuses 103,44 ha
Rotation 262,44 ha
Paysans-nes installés
TOTAL 190,93
Paysans boulangers 38
Céréaliers 2
Eleveurs bovins 60
Maraichers 25
Arboriculteurs 2
Eleveurs de porcs 20
Eleveurs de volailles 45

Lien internet : http://convertisseur.terredeliensnormandie.org/commune/#

Le régime alimentaire des humains : l’enjeu des protéines

Nous avons vu ci-dessus les besoins nutritionnels d’un humain. Il nous semble important dans cet article de parler des protéines puisque bien souvent, elles constituent la pierre d’achoppement dans les débats sur un mode alimentaire plus durable. Un adulte a besoin d’environ 50 g de protéines par jour (160 de glucides, 110 de lipides). La viande est parfois considérée comme l’apport essentiel de protéines.

Sur la ferme de la Bourdaisière, nous ne vendons pas de viande. Les seuls animaux que nous avons (cochons, poules, moutons essentiellement) sont réservés à notre consommation personnelle (nous vendons les œufs des poules).

Pourtant, nous souhaitons produire des aliments pouvant répondre au maximum aux besoins alimentaires humains, y compris les protéines.

A ce titre, nous avons étudié les teneurs en protéines de productions que nous pourrions réaliser sur la microferme (les données suivantes sont données pour 100g, sauf précision inverse – référence : site de l’ANSES) :

– noisettes : 15 g (environ 90  noisettes pour atteindre 50 g de protéines). Huit noisetiers ont été plantés sur la ferme de la Bourdaisière.

amarante
Il est très simple de récolter les graines d’amarante avec un tamis et … le vent
noisettes
Ont été plantés à la Bourdaisière trois variétés de noisetiers : Pauetet, Avellana, Gunslebert

– noix : 15 g (environ 55 noix pour atteindre 50 g de protéines). Deux noyers sont présents sur la ferme de la Bourdaisière et trois ont été plantés en 2014.

– amarante (grains) : 14 g

– quinoa (grains) : 13 g (protéines complètes, avec tous les acides aminés essentiels, donc d’aussi bonne « qualité » que les protéines présentes dans la viande)

– laitue : 1,2 g (une laitue moyenne pèse environ 300 g)

– potimarron : 1,2 g

quinoa
Quinoa. En plus d’être intéressant sur le plan des protéines, la présence de saponine amère dans cette plante éloigne les oiseaux naturellement et rend la culture du quinoa possible avec peu ou pas du tout de produits chimiques ; c’est pourquoi le quinoa a été adopté par les adeptes du bio.

– pommes : 0,26 g (une pomme moyenne pèse environ 350 g)

– châtaignes : 1,60 g (environ 7 châtaignes ; une châtaigne pèse environ 15 g)

– œuf : 13 g (6 g de protéines dans un œuf)

 

 

 

 

 

Les légumineuses

Les légumineuses jouent un rôle important dans le domaine alimentaire grâce à leur haute teneur en protéines et en acides aminés essentiels.

La famille des légumineuses (fabacées) est une famille qui a une grande importance économique, étant une source de protéines végétales pour l’alimentation animale ou humaine qui ne nécessite pas d’engrais azotés. En effet, du fait de leur capacité à fixer l’azote atmosphérique grâce à la bactérie rhizobium, leur culture tient une place particulière dans la rotation culturale

Les légumineuses fournissent des protéines très bon marché, elles peuvent, quand elles sont combinées à d’autres protéines végétales comme celles des céréales, constituer une source équilibrée de protéines. Les légumineuses sont un pilier du régime méditerranéen dont on pense qu’il constitue un des régimes alimentaires les plus adaptés à l’homme et qui fait l’objet de nombreuses études.

La famille des fabacées comprend comme plantes cultivées d’intérêt économique : le soja, l’arachide, le haricot, le pois, la lentille, le pois chiche, la fève, la féverolle, les vesces, les gesses, la luzerne, le trèfle, le lupin, le haricot mungo (pousses de « soja » germé), la réglisse, le palissandre, le lotier corniculé, le sainfoin, le rooibos, le fenugrec…

Teneur en protéines, pour 100g (poids avec cuisson, les tableaux dans la première partie de ce dossier donnant la teneur protéinée par rapport au poids sec) :

  • petits pois (cuits) : 5 g
  • fèves (cuites) : 5 g
  • haricots blancs (cuits) : 8 g
  • haricots verts (cuits) : 1,3 g
  • haricots mungo germés : 4 g
  • lait de soja (tonyu) : 3 g
fèves
Pieds de fèves
haricot mungo
Haricots mungo

 

 

Le soja ne pousse que dans la moitié sud de la France tout comme le pois chiche donc il n’est pas certain que nous en cultivions beaucoup à la ferme de la Bourdaisière. Le haricot mungo pousse dans des climats tropicaux (30-35 °C sont ses températures idéales).
Nous allons donc nous concentrer sur les fèves, les haricots et les petits pois.

La fèverolle (qui peut être cultivée dans une bonne partie de la France) était beaucoup cultivée comme complément pour le bétail.

Sur le blog Monotarcie, vous trouverez une page très intéressante sur des essais de légumineuses et céréales à petite échelle.

Bien évidemment, il ne faut pas reposer les choix de production sur la simple teneur en protéines des aliments cultivés, mais il nous semblait tout de même intéressant de mener cette rapide analyse pour bien prendre conscience du potentiel de production de protéines dans une micro ferme quand bien même l’élevage est un complément (poules) et non l’activité principale.

 

Suite : Vers l’autonomie alimentaire partie 3

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Ce dossier a été réalisé par Horizon Permaculture