A l’adolescence, je m’étais promis de ne pas avoir la vie « classique » que nous propose notre société capitaliste actuelle : être salariée, consommer pour le plaisir d’avoir du neuf…
10 ans plus tard je suis responsable communication chez Vinci en Ile-de-France.
Hum, hum.
Je vous épargne les détails du processus qui m’ouvre les yeux, mais un beau jour, je me réveille !! Je suis à mille lieues de mes valeurs, je quitte donc mon entreprise.
Mais que faire?
Mon conjoint et moi nous mettons à réfléchir sérieusement, et à nous renseigner.
S’enchaînent alors une suite de discussions, de débats, de recherches en tous genres…De fil en aiguille, nous avons ainsi découvert la permaculture, et les projets de micro-fermes magnifiques qui ont découlé de ce mouvement (Bec Hellouin, Mare des Rufaux, la Grelinette au Québec…).
Nous avons commencé à en parler autour de nous, et une amie nous propose de nous installer sur sa propriété à partir de septembre 2015. C’est une opportunité en or ! Nous sommes jeunes, motivés, qu’avons-nous à perdre ? Nous allons, nous aussi, créer notre micro-ferme pour en vivre, à terme. Il est temps de passer à la phase « concrète » du projet, se former avant l’installation. Une amie, Juliette Krier, qui gère la « Ruche qui dit oui » de Rochecorbon, distribue donc les légumes de la ferme de la Bourdaisière. Elle m’explique que cette ferme accueille des bénévoles chaque semaine. C’est parfait : être bénévole me donnera une première opportunité de mettre concrètement la main à la terre et de commencer mon apprentissage. Je contacte Maxime, qui accepte, très gentiment, de me recevoir en tant que bénévole une semaine en mars 2015.
Lundi matin, j’arrive avec mes courses et mes vêtements pour la semaine à la ferme. Je projette de dormir dans la yourte, installée spécialement pour les bénévoles. Quitte à travailler à la ferme, autant y vivre ! Je suis accueillie par les deux maraîchers, Nicolas et Benjamin, jeunes et souriants, qui m’offrent une tasse de café. Ils sont arrivés début février, et reprennent l’exploitation. Après les mois d’inactivité de l’hiver, il y a beaucoup de travail, d’autant plus que la ferme est en pleine expansion, et que les objectifs de production sont multipliés par 4 par rapport à l’année précédente !
Nous discutons quelques minutes et ils débutent leur point hebdomadaire. Quel est le programme de la semaine ? Faire des planches, planter des fruitiers, planter des melons, désherber… La liste est longue ! Très rapidement, je rencontre les deux autres bénévoles de la semaine : Nicolas, originaire de Lille, a fait des études d’informatique. Aujourd’hui, il est woofer dans un élevage de chèvre le week-end et à la Bourdaisière la semaine. Lui non plus n’envisage plus du tout sa vie professionnelle derrière un ordinateur ! Edouard vit actuellement en région parisienne, il est photographe et restaurateur. Passionné de gastronomie et très curieux, il cherche lui aussi à se former à la permaculture, afin de cultiver, un jour prochain, ses propres légumes. 3 bénévoles, 3 personnalités et 3 objectifs différents, mais nous avons formé une équipe de choc pour la semaine !!!
Je n’imaginais pas apprendre autant de choses en 5 jours. Les deux maraîchers sont des puits de savoir, et ils ont eu la patience de répondre à nos questions. On en a même rigolé, car chaque semaine, nouveaux bénévoles = nouvel « interrogatoire » pour eux, avec son lot de questions, souvent les mêmes d’ailleurs. A la Bourdaisière, nous sommes loin du cliché du jardinier bourru qui travaille seul dans son coin !! Ici, professionnels et novices travaillent main dans la main. Nicolas et Benjamin sont très patients et pédagogues, nous avons travaillé dans la joie et le bonne humeur. Et finalement, ce n’était pas un mal de discuter en faisant des planches, car c’est un travail très physique, qui s’est parfois fait sous la pluie. Et oui, un maraîcher bosse qu’il vente ou qu’il pleuve !
Désherber, enlever les cailloux, confectionner des planches, planter des melons, des arbres fruitiers… ou même déplacer des moutons et construire une porte pour les toilettes sèches : notre semaine de bénévolat a été riche en activités en tous genres !
En parallèle, Gildas et Claire d’Horizon Permaculture organisaient une formation sur les « mares » avec César, un autre formateur. Ils ont donc reçu des élèves à la ferme, et fait avec eux deux très belles mares. Nous avons pu observer la construction et en discuter un peu avec eux pendant les déjeuners et les moments de pause. Même si Maxime est souvent à droite à gauche ou à Paris, nous avons pu échange pendant un petit moment : il est revenu sur la genèse de son projet, et sur la multitude de « chantiers » qu’il a en cours. Cette discussion a été passionnante : Maxime a clairement les pieds sur terre, la fibre entrepreunariale et pléthores d’idées géniales pour améliorer sa ferme, l’agrandir, et surtout partager le concept et les savoirs ! Dans la semaine, nous avons aussi eu la visite des journalistes de France 3 Tours, venus pour réaliser un reportage de 3mn sur la ferme et la formation. On ne s’ennuie pas à la Bourdaisière.
Nicolas, Edouard et moi avons très rapidement pris notre rythme après nos journées de travail : discussions, lectures, cuisine… La vie dans la yourte est confortable, quel plaisir de s’endormir à la chaleur du poêle et au calme de la campagne !
Vous l’aurez compris, j’ai adoré mon expérience de bénévolat à la ferme de la Bourdaisière. Cela a achevé de me convaincre de réaliser notre projet de micro-ferme. Je mesure aujourd’hui beaucoup mieux la complexité du travail de maraîcher et de chef d’exploitation, ainsi que la fatigue physique qu’il engendre. Et en parallèle, j’ai pu apprécier les bons côtés de la vie au grand air, le plaisir de voir la vie qui grouille sous la terre (nos amis les vers de terre!!!), les planches se former, les oignons et les betteraves sortir de terre tout doucement… Et je n’imagine même pas le « kiff » des premières floraisons, et l’excitation des papilles au moment de la dégustation des premiers légumes !
Merci de m’avoir reçue, et longue vie à l’équipe de la ferme d’avenir de la Bourdaisière !
Emmanuelle – Avril 2015