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Nicolas et moi (Benjamin) sommes arrivés sur la ferme de la Bourdaisière début février. Les plantations sont déjà bien avancées, et les jardins verdissent à vue d’œil. Nous voulions cependant vous parler un peu de notre planification pour partager notre expérience et nos conseils.
Une fois les objectifs de l’année clarifiés, nous avons la responsabilité de compléter et peaufiner la planification initiée par Maxime et Gildas.
La planification permet au maraîcher d’établir une stratégie pour l’année entière.
Elle s’effectue habituellement lors des mois où l’activité est la plus réduite, généralement en décembre et janvier.
Nous avons donc procédé selon les étapes suivantes :
Maxime et Gildas avaient commencé à réaliser le travail sur une version d’essai du logiciel de planification des Jardins de Cocagne, nous avions donc une bonne base à partir de laquelle travailler.
Malgré tout, c’est un travail minutieux et cela nous a pris plusieurs journées pour clôturer la planification de la saison d’été… et il nous faudra dégager du temps rapidement pour préparer le planning des cultures d’hiver…
A partir des données issues du logiciel (chiffre d’affaires, quantités à produire et surface nécessaire aux cultures), nous avons dû ruser pour faire rentrer toutes les cultures dans la surface cultivable actuelle (nous n’avons pour l’instant investi que la parcelle ouest de la ferme, soit 6 jardins de 10 planches/buttes et 3 serres de 25m x 6m). Pour cela, nous connaissons bien entendu les densités de plantation, les rendements par unité de surface, et quelques règles de 3 plus tard, nous savions s’il fallait prévoir de nouveaux jardins ou si le parcellaire actuel suffisait…
A ce stade-là, nous avons rapidement passé commande des plants à semer tôt dans la saison, car nous n’avons cette année pas encore la possibilité de faire nos plants dans une serre dédiée…
Chaque légume demande une approche particulière. Tous ne se récoltent pas de la même façon et sur des périodes différentes. Un plant de tomate permet plusieurs récoltes sur 4 mois environ en étant en place 6 à 7 mois alors qu’une carotte ne permet qu’une seule récolte après 3 mois en terre. Ce calendrier permet d’échelonner les semis ou plantations afin d’optimiser la disponibilité du produit sur la durée, on parle de « génération ». Si l’on rajoute à cela la notion d’association de cultures, qui vient rajouter une variable très aléatoire, complexe à insérer dans des tableurs classiques, vous comprendrez le temps que nous avons dû passer sur cette planification.
Arrive alors la partie la plus compliquée… l’affectation du parcellaire : définir précisément où seront plantées les différentes générations de légumes.
Collectivement, nous avons pris la décision de nous orienter sur des rotations façon « Fortier ». Un jardin (de 300m² constitués de 10 plates-bandes surélevées) sur deux correspond aux familles de légumes (crucifères-cucurbitacées, liliacées, solanacées), l’autre moitié des jardins étant dédiée aux « racine-verdure ». L’année suivante, chaque famille est déplacée sur le jardin voisin, à gauche ou à droite mais toujours dans le même sens.
Nous intégrons donc les légumes dans les jardins correspondant à leur famille de façon schématique. Les densités classiques utilisées en maraîchage biologique prennent en compte l’utilisation d’un tracteur et sont donc adaptées aux différents outils attelés. En suivant ces densités standardisées, il nous faudrait une surface presque 10 fois plus importante pour atteindre nos objectifs. A la ferme de la Bourdaisière, nous travaillons principalement manuellement et utilisons occasionnellement un motoculteur. Ce travail minutieux nous confère la possibilité de densifier le nombre de plantes au m². Cela s’appelle l’agriculture bio-intensive dont les maîtres à penser sont John Jeavons, Eliot Coleman, Jean-Martin Fortier, Charles Hervé-Gruyer pour ne citer qu’eux. A partir de leurs travaux et de nos expériences, nous avons déterminé les densités qui nous semblaient les plus adaptées à notre ferme et à nos outils. Cette réflexion permettra de mettre en terre l’intégralité de nos cultures et pour beaucoup d’entre elles, nous obtiendrons des volumes plus importants qu’originalement prévus.
Nous opérons de même pour les serres.
Une fois le plan des jardins établi, nous nous penchons sur les variétés de chaque légume afin de sélectionner les plus adaptées aux différentes périodes de l’année, des précoces pour le printemps et des tardives pour le début d’automne. Ces choix seront différents selon le semencier (disponibilité), nous avons réalisé plusieurs devis puis sélectionné un fournisseur.
Les semences maintenant en notre possession, il ne nous reste plus qu’à les mettre en place et attendre que tout ça pousse avec notre plus grand soin.
« J’adore quand un plan se déroule sans accrocs… » mais bon…
Une erreur de calcul dans les densités, le placement hasardeux d’une culture et plein d’autres choses peuvent se glisser dans la planification et perturber le déroulement de l’activité, sans parler du stress que cela peut provoquer.
Nous conseillons donc à tous de vérifier plusieurs fois la planification.
De notre côté, après avoir été vérifiée par plusieurs paires d’yeux avertis, nous l’avons imprimée et affichée…il n’y a plus qu’à !!